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Muséum : Bonne année, bonne santé et petit budget pour 2024 !
vendredi 12 janvier 2024
La réunion du conseil d’administration (CA) du 6 décembre 2023 a été la première du mandat du nouveau président, Gilles Bloch. Il a précisé, concernant la diffusion de sa lettre de mission au personnel du Muséum, ne pas l’avoir encore reçue de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Gageons que la présence de chefs de service de la DGESIP au sein du CA devrait être à même d’accélérer le processus.
L’essentiel de cette séance du CA a porté sur les questions budgétaires et s’est révélée pleine d’enseignements sur la situation réelle de l’établissement.
Situation financière difficile aujourd’hui, problématique demain
Les discussions relatives au vote du budget rectificatif 2023 puis celles sur le budget initial pour 2024 ont mis en lumière la situation préoccupante du Muséum sur le plan financier. Pourtant, ces dernières années, la présidence du Muséum n’avait eu de cesse de claironner que les finances n’avaient jamais été aussi saines et que le grand jour de l’autonomie financière – le célèbre « passage aux RCE » pour Responsabilités et compétences élargies – était pour demain.
Rappelons que le budget initial pour 2023 avait été voté en 2022 avec un déficit de -23,5 M€, pour des raisons présentées comme conjoncturelles (« tensions sur les prix de l’énergie, des matières premières et des coûts de main d’œuvre »). Ce déficit devait être comblé par prélèvement sur le fonds de roulement. Effectivement, l’année 2023 annoncée mauvaise a tenu toutes ses promesses avec un déficit qui devrait s’établir au final autour de -28 M€, principalement du fait d’une baisse des recettes de fréquentation conjuguée à des hausses de coûts.
À quelle sauce financière allons-nous être mangés en 2024 ?
Cette fois, la faute n’est plus seulement à la conjoncture. Le déficit est devenu… structurel en 2024 et il est annoncé à hauteur de -23,8 M€. Au total, les dépenses récurrentes sont maintenant supérieures aux recettes récurrentes, le Muséum ne crée plus suffisamment de capacité d’autofinancement. La situation est fortement dégradée car les besoins urgents de rénovation du patrimoine immobilier viennent s’ajouter à des coûts plus élevés (énergie, prestations extérieures) et à des mesures salariales mises en œuvre par l’État ces dernières années et qui sont peu ou pas compensées par lui (prime vie chère, hausse du point d’indice, modification des grilles indiciaires, etc.).
Outre un nouveau prélèvement de 30,8 M€ sur le fonds de roulement du Muséum, plusieurs mesures sont choisies par la présidence pour combler ce découvert, dont une hausse sensible des tarifs d’entrée aux sites.
La hausse majeure des tarifs : une fausse solution miracle contraire aux missions du Muséum
Comme d’habitude le projet de budget parie sur des taux records de visiteurs en 2024. Sur ce point, il n’apparaît pas sincère. Les prévisions de visites sont démesurément optimistes y compris pour des sites où l’on constate une désaffection du public. La fréquentation du parcours permanent du musée de l’Homme, par exemple, est en baisse et n’accueille quasiment plus que des scolaires et des étudiants. Que sont donc devenus les 194.110€ du plan de relance prévus en 2023 pour ce site ? Quels changements notables ? Le MH est un lieu qu’on visite peu, si ce n’est à travers les expositions temporaires.
Les prévisions générales de visites pour 2024 n’intègrent pas les conséquences des hausses des tarifs. 3€ de plus par ticket pour la GGE c’est 30% d’augmentation ! Deux parents avec deux enfants souhaitant visiter la GGE puis la ménagerie devront débourser 90€. Si l’offre de visite (galeries, parcs) restera la même, en revanche l’augmentation du tarif d’entrée risque de changer les profils et comportements des visiteurs.
Cette hausse des tarifs est en contradiction avec l’un des enseignements de l’année 2023 : le panier moyen des visiteurs au Muséum a déjà baissé. Le public est là, mais il dépensait déjà moins qu’avant.
Le Muséum en est rendu à faire les poches de ses propres agents puisque certaines expositions deviennent payantes pour le personnel, comme Mondes disparus (24€ !). Autrement dit, l’établissement exclut ses agents, ce qui n’a pas eu l’air de poser problème à la présidence lorsque que le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum avaient réagi à cette mesure scandaleuse.
Le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum dénoncent cette hausse majeure des tarifs qui éloigne notre établissement de sa mission de diffusion en faveur de tous les publics. Nous réclamons un débat sur la politique tarifaire fondé sur une enquête quantitative et qualitative des publics permettant de mesurer les vrais effets des variations des tarifs.
La recherche au Muséum comme variable d’ajustement budgétaire
La hausse continuelle du nombre et des montants des conventions de recherche (16% des recettes de l’établissement) montre le dynamisme des recherches conduites au Muséum, comme de ses équipes scientifiques et techniques. Mais celles-là ne doivent pas être considérées comme une simple manne financière, de laquelle on retire des frais de gestion substantiels.
Le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum rappellent que la recherche est une mission du Muséum et les conventions de recherche représentent d’abord des milliers d’heures de recherche mais aussi de gestion administrative par les chercheurs eux-mêmes. Cet argent doit d’abord retourner à la recherche, entre autres en favorisant l’émergence de thématiques et de structures spécifiques au Muséum et qui ne trouvent pas place dans les actuelles UMR.
Des ministères qui placent le Muséum sous curatelle
Le représentant de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est exceptionnellement exprimé au nom de l’ensemble des ministères (Économie, Transition écologique) pour saluer l’effort de sincérité du Muséum malgré les incertitudes, y compris en ce qui concerne le soutien de l’État ( !). Il a souligné que l’ambition sur les investissements va dans le sens des recommandations du ministère, mais pose le problème de la soutenabilité financière réelle de ces investissements. De plus, il a émis des craintes sérieuses sur l’état de la trésorerie du Muséum dès 2025.
Les ministères n’ont accepté de voter le budget 2024 que sous deux réserves : qu’un budget rectificatif soit rapidement présenté pour prendre en compte la trajectoire financière réelle du Muséum, que les mesures d’investissement soient placées sous le contrôle du recteur délégué pour l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation de la région académique Île-de-France.
Le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum constatent que le Muséum est aujourd’hui placé sous mesures de protection : il devra tenir disponible au plus juste le compte de son budget et soumettre à un contrôle externe ses dépenses d’investissement.
Cette situation préoccupante aura au moins pour mérite de finir de sceller le sort des chimères des dernières années, entre projets sans financement (externalisation des collections à Dijon, rénovation-destruction muséographique de la GPAC) et rêves d’autonomie financière.
Les craintes sérieuses pour la situation financière du Muséum en 2025 exprimées par les ministères risquent de se traduire dès 2024 dans le quotidien des agents. Le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum seront vigilants à ce que cela n’entraîne pas une nouvelle dégradation des conditions de travail ou des menaces sur l’emploi.
Le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum considèrent que la période qui s’ouvre doit être l’occasion pour le Muséum de retourner à ses fondamentaux :
– Redonner leur place aux personnels du Muséum en reconnaissant leurs compétences et en soutenant les carrières
– Soutenir et promouvoir sa recherche et ses collections (conservation, étude, enrichissement), qui sont indissociables
– Irriguer l’ensemble des missions par la recherche (diffusion, enseignement, collections)
– Assumer ses responsabilités à l’égard du public et de son statut Musée de France : rendre les espaces de diffusion accessibles au public le plus large, assurer l’égal accès de tous à la culture et à la connaissance scientifiques.