Le Projet scientifique et culturel (PSC) du Muséum Pour le moment, un rendez-vous manqué pour notre établissement

Le 17 décembre dernier, le président du Muséum a convié les membres élus du Comité technique et du Conseil d’administration à une réunion de présentation de la version de travail du projet scientifique et culturel (PSC) de notre établissement.

Le PSC est une obligation légale (article L441-2 du Code du Patrimoine) pour tous les établissements qui, comme le Muséum, gèrent des collections et bénéficient à ce titre du label « musée de France » (article L442-1), qu’ils soient ou non sous la tutelle du ministère de la Culture.

Au-delà de son caractère obligatoire, le PSC est surtout un exercice utile et qui concerne l’ensemble de l’établissement. Il doit en effet préciser la manière dont celui-ci conserve, restaure, étudie et enrichit ses collections, comment il les rend accessibles au public le plus large, quelles actions il conçoit et met en œuvre pour assurer l’égal accès de tous à la culture, comment il contribue aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion.

La rédaction d’un PSC est donc un moment essentiel de la vie d’un musée de France. Or, au cours de cette réunion, vos élus du Syndicat autonome des personnels du Muséum et du SNIRS CFE-CGC Muséum n’ont pu que déplorer que la présidence persiste à ne considérer ce PSC que comme une formalité sans intérêt, une option administrative. Il en résulte un projet qui ressemble à un énième rapport d’activité, un long exercice d’autosatisfaction, autocentré, sans ouverture vers l’extérieur, plaçant toutes les activités sur un même plan, sans relief et le tout agrémenté d’un postulat philosophique simpliste, l’universalisme.

Tout aussi problématique, sous prétexte de ne pas empiéter sur le terrain du contrat signé avec le ministère de l’Enseignement supérieur, le président considère que la dynamique scientifique n’a pas à apparaître dans ce PSC. Il sépare ainsi les missions du Muséum en niant que les collections et la recherche sont imbriquées et qu’elles irriguent l’ensemble de nos activités depuis le Jardin du roi puis le Muséum de 1793.

Une seule préoccupation pour notre président : remettre sa copie au plus tôt, c’est-à-dire avant la fin du mois de janvier 2021, parce que, selon lui, la concertation a eu lieu et le travail de rédaction a été fait. Bref, il y a urgence à remplir un formulaire !

Mais que reste-t-il vraiment, dans le document, des discussions avec les quelques agents du Muséum qui ont été plus ou moins associés ? D’ailleurs, est-ce que beaucoup d’entre vous (enseignants-chercheurs, gestionnaires de collections, personnels en lien avec le public et autres chargés de communication ou de presse, etc.) ont été réellement sollicités ? En quoi ce document prend-il en compte la crise sanitaire majeure actuelle pour penser l’avenir ?

Le Syndicat autonome des personnels du Muséum et le SNIRS CFE-CGC Muséum déplorent ce qui risque d’être une nouvelle occasion manquée. La préparation du PSC offre au Muséum et à ses personnels l’occasion de mener une réflexion profonde et collégiale sur notre établissement, son fonctionnement, son rôle, sa place dans la société et son avenir. En l’état actuel, il nous apparaît inenvisageable que ce document, qui rate sa cible et apparait nettement en-deçà des exigences attendues pour cet exercice (en comparaison avec les PSC d’autres grands établissements muséaux), soit transmis au ministère de la Culture.

Il n’est que temps de lancer la large et indispensable concertation, dans et hors du Muséum, pour produire un PSC qui nous ressemble.

Rédiger un PSC est un moment important, voire fondateur, pour toute institution qui se sent concernée par sa mission de service public, ses collections patrimoniales et qui souhaite montrer et développer la dynamique que leur gestion et leur valorisation insufflent à l’ensemble de ses missions.

Le PSC offre l’opportunité de penser le Muséum en grand et ouvert, d’innover. Les idées sont nombreuses, entre autres :

– Établir collectivement une salutaire autoévaluation de l’accomplissement de ses missions par le Muséum.
– Associer enfin l’ensemble du Muséum à l’avenir des collections et des projets en cours (conservation, restauration, acquisitions, accueil des chercheurs, numérisation...)
– S’ouvrir à nos partenaires (visiteurs, sociétés savantes, presse scientifique...) en les conviant à des ateliers de travail pour discuter de l’image et de la compréhension qu’ils ont du Muséum, de ce qu’ils en attendent.
– Tirer des leçons de la crise sanitaire COVID19 dans les usages des collections et des espaces muséaux (parcours permanents, expositions temporaires), penser réellement le Muséum dans toutes ses missions à l’époque du numérique.
– Développer une véritable capacité à intervenir de façon rapide dans les questionnements actuels en faisant du Muséum un producteur et un fournisseur, à la presse et au grand public, de contenus audiovisuels scientifiques.

Syndicat autonome des personnels du Muséum
SNIRS CFE-CGC Muséum