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Le Muséum en roue libre : maintenant la promotion de l’astrologie
mardi 3 décembre 2024
Le magazine Elle annonce que, les 11-13 décembre prochains, le Musée de l’Homme accueillera et sera partenaire de "trois soirées de confidences, de rencontres, d’inspiration" – on pourrait même ajouter de stéréotypes genrés en lisant le programme –, faites de conférences (35) et d’animations qui permettront, entre autres, de « discuter avec l’astrologue du ELLE que l’on ne présente plus : Jean-Yves Espié. Merci au Musée de l’Homme pour son soutien."
Une lente et inquiétante dérive vers… n’importe quoi du moment que cela mousse
En mars 2021, le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum avaient dénoncé l’accueil par la présidence du Muséum d’un colloque d’une obédience maçonnique au Jardin des plantes. Nous posions alors la question : "Aujourd’hui une fédération de loges maçonniques et demain qui bénéficiera généreusement de la "marque" Muséum ?" Depuis, nous avons eu de multiples réponses, autant de situations où la neutralité de l’institution ou la science sont mises en cause :
– parc d’attractions lumineuses dénommé « Illumination » : malgré quelques tentatives cosmétiques on cherche en vain l’intérêt scientifique de ces installations au bilan carbone désastreux (6e édition). En revanche, on voit toujours l’ingérence (soft power) de l’État chinois dans les institutions françaises via, notamment, ce type d’événements.
– le musée de l’Homme continue de se singulariser en étant en voie de se faire une spécialité des expositions sans participation des enseignants-chercheurs du Muséum (Préhistomania par ex.), des cérémonies religieuses autour des collections, des réunions où l’on se fonde sur des rituels pour établir des conclusions "scientifiques".
Cette fois une étape supplémentaire est franchie en faisant la promotion de l’antiscience : inviter le public au Musée de l’Homme pour échanger avec un astrologue, qui y donnera par ailleurs une conférence le vendredi 13 décembre sous le sceau de l’institution. Anthroposophie, occultisme et agriculture bio-dynamique seront-ils bientôt au programme ?
Il devient urgent de défendre la science et de lui redonner sa place au centre du Muséum
Les amphithéâtres, conçus pour y donner des cours, doivent dorénavant être loués par les chercheurs pour y organiser leurs propres colloques scientifiques, s’ils ne sont pas déjà réservés pour un événement privé. Les galeries sont aujourd’hui prioritairement dédiées aux expositions fournies clés en main avec l’espoir, souvent déçus, d’en dégager des bénéfices mirobolants.
Dans les comptes du Muséum aujourd’hui en berne, la seule recette financière qui reste stable ou augmente est celle des projets scientifiques obtenus par les enseignants-chercheurs et chercheurs. Aujourd’hui les conventions de recherche représentent 15% du budget général du Muséum. Par les frais de gestion qui sont prélevés dessus par l’établissement, les ECMU et chercheurs financent directement l’institution. Voilà une raison supplémentaire, sonnante et trébuchante, pour que la science qu’ils produisent et les valeurs qu’ils défendent soient respectées.
Cela fait plusieurs années maintenant que, lentement mais sûrement, les activités de recherche et d’enseignement passent au second plan mais jamais elles n’avaient à ce point été rabaissées.
Comme le SNIRS CFE-CGC et le Syndicat autonome des personnels du Muséum l’ont demandé lors du dernier CSA, il appartient au président de défendre les sciences naturelles et humaines et les recherches conduites au Muséum national d’histoire naturelle en renonçant à accueillir cette manifestation du magazine Elle.
SNIRS CFE-CGC
Syndicat autonome des personnels du Muséum