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Le succès excuse-t-il tout ?
jeudi 29 novembre 2018
L’année 2018 au Muséum rappellera aux plus anciens les années « fastes » de l’administration provisoire de la période 1999-2001 : une même ambiance festive, une même frénésie de coups médiatiques. Rappelons qu’après la fête vinrent plusieurs années de vaches (très) maigres et de budgets sous tutelle directe de Bercy (crédits de dépenses au 1/12e) pour rembourser cotillons et lampions…
En 2018, la fête s’appelle « Un T. Rex à Paris » et « Espèces en voie d’illumination ». Dans les deux cas le succès en termes de visiteurs est incontestablement au rendez-vous. Au point même que le Muséum démontre ses difficultés à anticiper la gestion d’événements de ce type (ratés logistiques, manque de personnel).
Si l’heure a maintenant sonné de faire les comptes financiers exacts de l’expo T. Rex, les animaux lumineux qui s’étalent depuis quelques jours des allées du Jardin à la ménagerie posent dès aujourd’hui un certain nombre de questions.
Quelle logique écologique ? Quel coût carbone ?
Un esprit chagrin pourrait s’étonner qu’une attraction du type « Espèces en voie d’illumination », qui relève du registre des foires et parcs d’animation, soit organisée dans un jardin botanique et une ménagerie dont l’objet premier est la diffusion de connaissances, de savoirs scientifiques.
Mais l’étonnement de tous est grand lorsque l’on constate que cette manifestation est organisée par une entreprise chinoise aux coûts de main d’œuvre défiant toute concurrence, montée par des techniciens chinois, avec des matériels importés de Chine, fabriqués en Chine et qu’elle est grande consommatrice d’électricité (rappelons que même une ampoule LED consomme de l’électricité).
Tout cela est-il vraiment compatible avec les pétitions de principe du Muséum en matière de développement durable ? Peut-on d’un côté faire la leçon à grands coups de manifestes du Muséum et autre Quel futur sans nature ? et dans le même temps organiser un tel barnum ?
Et le bien-être animal ?
Normalement, à la nuit tombée, les animaux de la ménagerie bénéficient du calme et de la paix de l’obscurité. Plus depuis le 16 novembre… Leur quotidien entre 18h et 23h est fait de bruits, de cris, de lampes-torches et de flashs de smartphones qui les traquent dans leurs enclos. Qui se soucie également de la faune et de la microfaune sauvage du Jardin contrainte de fuir ou de se terrer ?
Cette pollution assumée, sonore et lumineuse, est contraire au bien-être animal. Ce choix est incompréhensible au moment où l’existence même de parcs animaliers pose question à un nombre important de nos concitoyens et où nous sommes fiers de proposer un PZP rénové autour de valeurs et principes plaçant les animaux au centre de ce projet. Enfin, cette situation pose problème par rapport au respect du travail des personnels de la ménagerie qui, chaque jour, sont attentifs au bien-être des animaux dont ils ont la charge.
Bien sûr, la direction éclairée de l’hôtel de Magny nous répondra que le succès populaire et quelques sous à empocher excusent quelques entorses aux principes. Mais devons-nous renoncer aux préceptes écologiques et éthiques qui font que notre établissement est LE Muséum national d’histoire naturelle ?
Syndicat autonome des personnels du Muséum
SNIRS CFE-CGC Muséum