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Attaques en cours contre le statut des enseignants-chercheurs du Muséum

mercredi 16 avril 2025

Le statut spécifique des enseignants-chercheurs du Muséum (ECMU) édicté en 1992 (Décret n°92-1178 du 2 novembre 1992) est très clair sur les missions et le service qui relèvent d’eux. Plus largement, il est une garantie pour tous les personnels (respect des compétences particulières, préservation de toutes les missions) et pour l’identité du Muséum telle que définie par la nation depuis 1793.

Le Président a récemment déclaré que lorsqu’il lisait les messages s’inquiétant d’une attaque contre le décret spécifique des ECMU, les bras lui en tombaient.Serait-il si peu informé de ce qui se trame dans son établissement ? A-t-il bien connaissance du décret statutaire ?

Le statut des ECMU structure le Muséum

Le décret de 1992 détaille les différentes missions statutaires confiées aux ECMU : (a) conservation et enrichissement du patrimoine national, étude et valorisation scientifique des collections ; (b) recherche fondamentale et appliquée, dans le domaine des sciences naturelles et humaines ; (c) enseignement et formation à la recherche dans ce domaine et (d) diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique à l’intention de tous les publics.

Au quotidien, ce statut n’impose qu’une seule règle : 50% au moins de l’activité des ECMU doivent être consacrés à la recherche et à la valorisation scientifique des collections, ce qui n’impose en rien une responsabilité quelconque au sein de la DGD collections. De façon logique, ce statut fait la part belle à la science afin de permettre un foisonnement de profils de postes, à la fois intermédiaires entre toutes les missions et adaptés aux besoins spécifiques de nos collections et des disciplines rares, qui ne peuvent trouver leur place qu’au Muséum.

Enfin, ce statut prévoit que les activités de diffusion propres aux ECMU soient assimilées à de l’enseignement : « la préparation et le contrôle scientifique d’expositions et de galeries, de cycles de conférences, d’activités pédagogiques spécifiques liées aux collections, d’activités de formation d’enseignants et de chercheurs et d’accueil d’élèves. »

Un formulaire apparemment anodin mais lourd de conséquences

Plusieurs processus en cours sapent le statut des ECMU et fragilisent le Muséum. Ces actions, menées dans la précipitation et sans véritable concertation, semblent destinées à réduire les ambitions scientifiques de notre établissement.

Si l’offensive menée contre l’enseignement ces dernières semaines ne se cache pas, celle contre les missions des ECMU est plus insidieuse car d’apparence technique, voire administrative, car reposant, en effet, sur un modeste formulaire.

La nouvelle fiche « profil type » actuellement diffusée dans les diverses unités du Muséum tend à sciemment confondre les missions des ECMU avec l’organisation administrative de l’établissement. Cette fiche vise à institutionnaliser les missions en silos réducteurs et fermés. Elle restreint, voire élimine, certaines de leurs activités spécifiques. Elle tend à séparer les ECMU en deux populations distinctes : les « enseignants » – au sens de l’université – et les « conservateurs » – au sens du code du patrimoine.

La présidence du Muséum ayant découvert tardivement la gestion prévisionnelle des emplois, elle ne souhaite l’imposer qu’aux ECMU et avec une telle rigidité qu’elle va vitrifier la situation en la fondant sur la répartition actuelle des postes entre les disciplines et unités. De plus, cette reconfiguration de la gestion des emplois des ECMU donne un rôle prépondérant et surprenant aux DGD – entités par nature éphémères et chargées de l’administration des missions – en faisant d’elles les juges de l’opportunité et des périmètres des postes d’ECMU. Elles expriment des besoins et les départements scientifiques deviennent secondaires.

Le statut des ECMU n’est pas soluble dans la structuration administrative

Ce mouvement se concrétise dans la nouvelle fiche « profil ». Dans sa forme même, elle propose une répartition des missions sous forme de catégories calquées sur l’organisation des DGD et non plus sur le statut des ECMU.

Ainsi apparait une section « Expertise en appui aux politiques publiques », correspondant à des activités sur lesquelles les ECMU ne sauraient être évalués, tandis que la valorisation scientifique des collections « pourra » apparaître dans la section recherche.

Plus grave encore, l’explicitation de chacune des catégories d’activités par les DGD restreint considérablement le périmètre d’action des ECMU et reflète le dessein de gérer des flux bien plus que la volonté de développer la vie scientifique de l’établissement.

La description de la section « Enseignement et formation » interroge car elle est limitée au besoin de remplir les trous de la maquette existante et non l’expression de la volonté de développer et de faire évoluer un projet pédagogique.

De même, les activités susceptibles d’être comptabilisées dans la section « Diffusion de la culture scientifique » ne comprennent ni la « diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique à l’intention de tous les publics », ni « la médiation culturelle et scientifique », ni « l’élaboration des parcours permanents de visite » et le « commissariat scientifique des expositions temporaires ».

Enfin, la séparation des activités d’enseignement et de diffusion en deux sections distinctes exclut l’assimilation des actions relevant de la diffusion à un service d’enseignement, ce qui est pourtant explicitement prévu par le statut des ECMU. Elle élimine ainsi toute forme d’activité relevant simultanément de ces deux grandes missions. Plus généralement, la séparation en silos des missions des ECMU proscrit toute initiative intermédiaire, notamment la conception et la mise en œuvre par les ECMU de projets de sciences participatives, dont le développement est pourtant l’un des fleurons du Muséum.

Le SNIRS CFE-CGC appelle les enseignants-chercheurs, déjà fortement mobilisés pour la défense de l’enseignement, à prendre conscience des risques qui pèsent sur leur statut et à refuser sa mise en cause insidieuse portée, entre autres, par ce formulaire.

Le SNIRS CFE-CGC demande le respect complet du statut des ECMU défini par le décret de 1992, principe qui se place au-dessus des modèles bureaucratiques de gestion des effectifs et de structuration des missions institutionnelles du Muséum. Le SNIRS CFE-CGC sera particulièrement vigilant sur ce point.