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La restructuration des départements au Muséum : une occasion bientôt manquée ?
mardi 2 février 2016
La restructuration des départements au Muséum : une occasion bientôt manquée ?
Mercredi 3 février le Conseil scientifique (CS) du Muséum examinera, pour la forme, le projet de nouvel agencement de la recherche et de la politique scientifique au Muséum. Ne nous leurrons pas, sauf sursaut inopiné d’indépendance, les jeux risquent d’être déjà joués : le CS validera le principe d’une réduction drastique du nombre des départements et leur limitation à 3 tel que le précédent CS l’avait envisagé sans succès en 2011.
Pourtant, 5 ans plus tard (la durée du contrat d’une UMR) la situation n’est plus la même, par définition. Pas plus que le CS de 2016 n’est celui de 2011, le Muséum de 2016 n’est celui de 2011. Pourquoi reprendre un projet monté par d’autres et dont le personnel n’avait pas voulu ? Ne serait-il pas temps, au contraire, que le CS joue son rôle et prenne ce dossier à bras le corps ? Rien ne presse du côté des départements scientifiques, pourtant c’est par-là plutôt que par les autres structures relevant du règlement intérieur que le président du Muséum a décidé d’engager la réorganisation de l’établissement. Est-ce à dire que la recherche primerait sur les autres missions et actions menées au Muséum ?
Que s’est-il passé ?
Pourtant, tout semblait avoir bien commencé. Le grand mouvement de concertation initié en septembre 2015 par le nouveau président laissait penser que la discussion serait ouverte, aucun sujet tabou et donc les conclusions moins prévisibles. Ce résultat final est donc une vraie déception, accentuée par le sentiment que l’établissement est en train de passer à côté d’une opportunité.
Les discussions du comité de réflexion sur les départements scientifiques (GT25) ont tout de suite été orientées vers les avis du conseil scientifique de 2011, c’est-à-dire à une époque où la superstructure du Muséum avait pour mot d’ordre principal une réduction du nombre des départements et pour seul horizon le PRES (future COMUE), avec le succès que l’on connaît...
La façon de conduire la concertation n’a pas permis l’utilisation et la valorisation des initiatives personnelles et spontanées des services, unités, départements qui avaient répondu à l’appel à réfléchir sur l’organisation de la recherche et la politique scientifique du Muséum. Les discussions du GT25 n’ont pas pris en compte ces réflexions de la base (pas d’analyse des comptes rendus) puisqu’elles ne servaient pas le modèle.
Aucun retour d’expérience contradictoire des directeurs des départements scientifiques actuels, ni des directeurs d’unité n’a été fait devant le GT 25.
Le pacte de complexification, c’est maintenant
Un déséquilibre général du centre de gravité du Muséum risque de s’opérer au profit de 3 mini Muséum (les départements) omniscients et omnipotents, ce qui favorisera un cloisonnement car les départements se suffiront à eux-mêmes.
L’essence même de ces départements, n’émanant pas des grands champs disciplinaires de l’Histoire naturelle, mais conçus comme des agrégats d’UMR sans objectif et destin partagés devant faire émerger leur logique interne, implique qu’un transfert d’exercice des compétences propres du Muséum va s’instaurer au profit des UMR dans des domaines qui ne relèvent pas de leurs attributions.
Le jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs va se trouver exacerbé par la réduction du nombre des départements de recherche. Des alliances de circonstances entre UMR vont s’organiser au sein des départements à l’approche des grandes échéances (postes, allocations de thèses, budgets...). Le poids « politique » des directeurs des 3 départements dans l’établissement va augmenter à proportion dans les grands équilibres de l’établissement. En position de force, ces directeurs seront-ils toujours vraiment des « collaborateurs » du président ?
La nécessité d’une ambition pour une maison commune
En définitive, le président ne mène pas une simple réforme fonctionnelle mais bien une réorganisation fondamentalement structurelle et donc identitaire du Muséum. Dès lors, une recomposition d’une telle ampleur ne peut avoir pour lignes directrices essentielles des considérations arithmétiques sur le nombre de départements, ni le désir de n’avoir qu’un nombre restreint d’interlocuteurs pour la présidence de l’établissement.
Le Muséum a besoin d’un souffle porteur, d’une ambition commune consolidée. Il n’a pas besoin d’une partie de chaises musicales en interne où même ceux qui trouveront à s’asseoir auront à perdre.
Le Muséum a besoin d’une science aux thématiques lisibles par tous et de points d’ancrage organisationnels clairement identifiables par l’extérieur. Il n’a pas besoin de regroupements artificiels aux objectifs peu clairs, au projet commun absent - nous avons déjà la COMUE pour cela - et aux noms fourre-tout tenant plus de la logomachie que de l’identité scientifique.
La mission confiée par la Nation au Muséum dépasse les critères usuels d’évaluation, d’organisation et d’administration des UMR. L’originalité de la science telle qu’elle se pratique et s’identifie au Muséum ne peut être calquée sur les seules unités. Le projet scientifique du Muséum est un projet global de connaissance et de diffusion qui s’inscrit dans un temps long qui s’oppose à celui qui régit les UMR dont la création se conforme à la logique interne d’un seul partenaire (le CNRS).
Les réflexions issues de la concertation mise en œuvre doivent être le fondement d’une organisation permettant à notre établissement d’assurer pleinement l’ensemble de ses missions statutaires. Qu’elles soient spontanées ou émanent des GT, elles devraient être partagées et valorisées, afin que chaque agent puisse se reconnaître dans un projet d’établissement cohérent et porteur.
SupAutonome-FO Muséum