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COMUE Lettre ouverte au Président du Muséum national d’histoire naturelle
vendredi 27 juin 2014
Monsieur le Président,
L’ordre du jour du prochain Conseil d’administration du 3 juillet 2014, établi par vos soins, comporte comme premier point délibératif la « Position du Muséum vis-à-vis de la Communauté d’Universités et d’Établissements Sorbonne-Université ».
De manière tout à fait exceptionnelle et solennelle, les élus du Syndicat autonome (SupAutonome) au sein de ce conseil vous adressent cette lettre ouverte pour vous demander de bien vouloir retirer ce point de l’ordre du jour afin qu’il soit examiné plus tard.
L’intégration du Muséum au sein d’une COMUE va avoir des conséquences majeures sur l’établissement et ses missions, ses personnels et leurs conditions de travail. Nous considérons qu’un sujet d’une telle importance mérite un débat serein que la situation actuelle ne permet pas.
1/ Le Muséum se trouve actuellement dans une phase transitoire
La publication au Journal officiel des nouveaux statuts du Muséum est attendue sous quelques jours et nous avons conscience qu’ils vont fondamentalement bouleverser l’économie actuelle de notre établissement dès la rentrée prochaine :
– Nomination d’un directeur à la place d’un président et d’un directeur général,
– Renouvellement général des membres des instances (élections, nominations),
– Mise en œuvre d’une nouvelle organisation de l’établissement à travers un nouveau règlement intérieur.
Dans peu de mois, c’est donc la totalité des instances dirigeantes du Muséum qui seront renouvelées. De tous les établissements appelés à composer la future COMUE Sorbonne Universités, le Muséum sera le seul à connaître à aussi brève échéance une réorganisation si radicale.
Le choix d’intégrer le Muséum au sein d’une COMUE n’emporte pas moins de bouleversements tout aussi fondamentaux engageant notre institution pour des décennies, c’est-à-dire bien au-delà des quelques semaines de mandat qui restent aux uns et aux autres. Les conséquences seront directes et considérables sur l’établissement, ses personnels et ses missions.
Dans des situations identiques, les élections présidentielles par exemple, l’usage républicain depuis la IIIe République fait que l’équipe gouvernementale sortante se contente d’expédier les affaires courantes à l’approche de la passation de pouvoirs.
2/ Les projets de COMUE suscitent bien des questionnements qui suggèrent au Muséum de prendre son temps
Au plan national :
– Depuis de nombreux mois la presse nationale se fait l’écho des craintes et des refus exprimés par la communauté universitaire à l’égard des COMUE imposées.
– Le 19 mai le Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) a émis des réserves sur la marche forcée vers les COMUE et a proposé au gouvernement un moratoire dans cette mise en œuvre.
Au niveau des principaux établissements appelés à fonder la COMUE Sorbonne Universités, les personnels manifestent leur réprobation du processus et des délais imposés :
– Le 17 juin les organisations syndicales de Paris 6 ont boycotté le Comité technique de leur université et dénoncé un passage en force.
– Le 19 juin le Comité technique de l’université de Paris 4 a majoritairement voté contre le projet de COMUE.
Au Muséum également
– Le 3 juin, les personnels du Muséum réunis en assemblée générale ont demandé à l’unanimité que toutes délibérations sur cette question de la COMUE soient repoussées et prises par les nouvelles instances qui seront élues et mises en place à la fin 2014.
– Le 24 juin, les organisations représentatives du personnel ont boycotté la séance du Comité technique pour marquer de manière forte leur désapprobation du refus de la Direction générale de surseoir au vote sur l’adhésion du Muséum à la COMUE.
Pour toutes ces raisons, les élus SupAutonome au Conseil d’administration en appellent à votre attachement aux principes et à l’identité qui fondent le Muséum, mais aussi à votre souhait maintes fois exprimé d’une communauté apaisée et capable de prendre ses décisions en totale connaissance de cause.
Le passé récent - le projet enfin abandonné d’installation de l’université Paris 3 sur le site Poliveau par exemple - nous a appris qu’il convient de se donner du temps avant de prendre des décisions, de fait, irrévocables et que la précipitation n’a jamais été bonne conseillère pour le Muséum.
Le retrait de l’ordre du jour du prochain Conseil d’administration du point délibératif relatif à l’adhésion à la COMUE est une décision nécessaire et attendue.
Son maintien aurait pour conséquence de réduire cette question à une position de principe alors qu’elle est d’une complexité qui, par ses implications pour le Muséum et ses personnels, appelle autre chose qu’un « oui » ou un « non » définitifs exprimés par une équipe dirigeante et des représentants en fin de mandat.
Dans cette hypothèse, les élus SupAutonome au Conseil d’administration sauront, cette fois encore, assumer toutes leurs responsabilités. Nous saurons rappeler les enjeux véritables portés par la COMUE, enjeux qui ne peuvent être escamotés et réduits au seul respect de délais (tout boucler avant le 22 juillet !), y compris en refusant de cautionner par leur présence une décision prise pour de mauvaises raisons et dans de mauvaises conditions.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à notre entier dévouement au service du Muséum et de ses personnels et à l’assurance de notre respectueuse considération.
Les élus SupAutonome au Conseil d’administration
27 juin 2014