Accueil > Action et présentation > Annexes > Bilan de 8 mois d’action au CTP

Bilan de 8 mois d’action au CTP

jeudi 27 septembre 2001

Il n’est sans doute pas habituel pour des représentants du personnel au sein d’une instance du Muséum National d’Histoire Naturelle que de livrer, après seulement quelques mois d’exercice de leurs fonctions, un bilan d’activité.

Pourtant, cela nous a semblé juste et nécessaire à l’égard de nos mandants, ne serait-ce parce que nous faisons figure de « petits nouveaux » au sein d’un système où chacun, depuis des années, prend à la perfection les postures que l’on attend de lui.

C’est ainsi qu’en février 2001, nous avions fait le pari de placer, sans ambiguïté, notre candidature sous le signe d’une double rupture. Rupture avec les tropismes syndicaux locaux où une contestation mécaniste de classe (fondée sur de supposés antagonismes entre les différentes catégories de personnels) le dispute à un conformisme qui exclut toute spontanéité dans l’action et tout projet commun. Mais également, essentiellement pourrions-nous dire, rupture avec des projets ministériels, dont l’administration provisoire n’était que la partie émergée, mettant en péril l’intégrité scientifique et patrimoniale du Muséum.

Sur cette profession de foi et par vos suffrages, vous nous avez permis de vous représenter au sein du Comité technique paritaire (C.T.P.) du Muséum.

Depuis février 2001, rompant en cela avec dix-huit mois de silence complaisant d’organisations syndicales, que l’on avait connues autrefois plus va-t-en-guerre, nous avons tenu à vous informer de manière objective (http://www.syndicatautonome-museum.fr.st) et vous livrer les quelques informations dont la direction administrative de l’établissement voulait bien nous faire l’aumône. Permettre à chacun de se faire une opinion personnelle, n’est-ce pas le premier de nos devoirs ?

Depuis cette date, bien des choses se sont passées, que la quête obsessionnelle et messianique de nouveaux statuts ne suffit pas à escamoter :

 La vacance scientifique de l’établissement n’a fait que s’accentuer, le vidant un peu plus de sa substance et de sa légitimité ;
 Le démantèlement structurel, conséquence directe de ce premier constat, est engagé (départ programmé de tous les fonds de la bibliothèque du Musée de l’Homme, inscription officielle en mai 2001 par la Direction de la Programmation et du Développement du ministère de l’Éducation nationale du « redéploiement de l’université Paris III sur l’îlot Poliveau, ainsi que l’installation de la bibliothèque de lettres Jacques Doucet sur ce site »),
 La gestion budgétaire erratique, qui pourrait être prise au comique si elle n’avait tant de conséquences sur l’activité des laboratoires et sur les personnels eux-mêmes (absence pour le moins prolongée de budget, « opacité » de la gestion de la masse salariale sur fonds propres, spectacles à fonds perdus, menaces sur la situation professionnelle des contractuels, etc.).

Qu’ont donc fait pendant ce temps ceux qui sont censés nous représenter au sein du conseil d’administration, n’auraient-ils été en définitive que les spectateurs de notre décrépitude… ?

L’actuelle administration provisoire du Muséum qui, de fait, le place sous tutelle ministérielle directe, donne un avant-goût de ce que sera, de droit, dans quelques semaines sa situation : un établissement soumis aux oukases de ministres incapables de s’impliquer réellement, eux-mêmes soumis à l’air du temps, aux passions éphémères et aux aléas politiques.

Depuis février 2001, l’affaire du nouveau statut a engendré bien des revirements dont chacun doit prendre la mesure. Bon nombre de ceux qui, hier, juraient qu’ils ne transigeraient en rien, ont su, sans crainte du ridicule, tourner casaque, voire devenir les promoteurs d’un texte dont la nocivité est certaine. En ce qui concerne le Syndicat Autonome, que ce soit à l’occasion des travaux au ministère de la Recherche ou dans les conseils, sa position n’a pas varié. C’est ainsi que lors de la dernière réunion du C.T.P., seul le Syndicat Autonome a voté contre l’intégralité des dispositions et, en compagnie de F.O., de la C.G.T. et de SUD, contre le texte lui-même.

Aujourd’hui, ce nouveau statut a été publié au Journal Officiel. Dans les pires conditions, une nouvelle ère est censée s’ouvrir. Des emplois-jeunes et des entrepreneurs de spectacles à la place de chercheurs et d’ITARF, des collections mortes, un Musée de l’Homme à l’abandon, un Barnum à la place d’un muséum, est-ce vraiment ce que nous souhaitons ?

Dans quelques semaines, avec la préparation des élections et son cortège de promesses, la foire d’empoigne va s’ouvrir. Il est important que des voix s’y élèvent pour s’opposer fermement aux visions technocratiques et événementielles et aux volontés dogmatiques de faire table rase du passé. Plus encore, il est essentiel que les projets scientifiques de notre établissement, qui seuls seront à même de préserver son avenir tout en perpétuant sa réputation, soient proposés et défendus au sein de nos futures instances.

Syndicat national autonome des sciences du Muséum