Accueil > Communiqués > Enseignants-chercheurs > Le statut des enseignants-chercheurs du Muséum est-il soluble dans le CNRS ?

Le statut des enseignants-chercheurs du Muséum est-il soluble dans le CNRS ?

mardi 30 janvier 2018

En décembre dernier, tous les enseignants-chercheurs du Muséum ont dû recevoir, par l’intermédiaire du directeur de département ou du directeur d’unité, une fiche d’activités annuelle à remplir. Rien d’étonnant finalement dans la logique métrique actuelle, que l’on peut déplorer au Muséum comme au niveau national, qui vise à quantifier (en nombre, mais pas en qualité) la contribution des scientifiques.

Oui, mais les enseignants-chercheurs du Muséum ne sont pas comme les autres. Il faut le rappeler et le revendiquer. Ils font partie de corps spécifiques à cette institution parce que leurs fonctions lui sont totalement adaptées. Le décret qui régit leur statut (Décret n°92-1178 du 2 novembre 1992 portant statut du corps des professeurs du Muséum national d’histoire naturelle et du corps des maîtres de conférences du Muséum national d’histoire naturelle) stipule que « La moitié au moins du temps de service doit être consacrée à la recherche et à la valorisation scientifique des collections du patrimoine national ». Le reste peut être dédié à l’enseignement, à la formation à la recherche, à la « diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique à l’intention de tous les publics ». Rappelons à cet égard que le décret précise que les enseignants-chercheurs du Muséum sont présumés contribuer « à l’organisation et au contrôle scientifique des expositions ».

Cette spécificité statutaire avait déjà été négligée dans le rapport de la Cour des Comptes (février 2017) qui s’étonnait qu’il y ait plus d’enseignants-chercheurs que d’étudiants en Master au Muséum. Là encore la logique comptable avait frappé sans grand discernement ! L’établissement avait répondu à cette critique en rappelant ledit décret, ce dont on peut se féliciter. Alors pourquoi demander soudain aux enseignants-chercheurs du Muséum de remplir une fiche d’activités sachant qu’elle ne servira même pas à la progression de leur carrière ? Sous prétexte que c’est une décision du Conseil Scientifique du 6 décembre 2016 dont l’objectif est d’obtenir « une vision globale sur les 5 missions scientifiques ». Lesquelles ? Statutairement (cf. décret de 1992), seules trois existent.

En effet, d’un premier regard, on se rend compte que cette fiche n’est pas adaptée aux enseignants-chercheurs du Muséum. Il s’agit plutôt d’un formulaire calqué sur un organisme de recherche gourmand de ce genre d’exercice formaliste annuel, pluriannuel, décennal… Là encore, rien d’étonnant, le Muséum, par la réforme récente qu’il a subie, s’est atomisé en unités de recherche sous tutelles variées et a perdu de son identité alors pourquoi pas celle de ses maîtres de conférences et professeurs ? Sont-ils obligés de se plier à l’exercice ? Pas sûr. D’ailleurs, et c’est un signe, le fameux petit livre bleu, ce monument de la logomachie administrative, ce règlement intérieur du Muséum dont les 66 pages veulent avoir réponse à tout et sont si chères à notre direction, n’y fait pas la moindre allusion.

Cette fiche d’évaluation est un énième coup porté au statut des enseignants-chercheurs du Muséum et donc au Muséum lui-même. Déjà, la suppression en 2012 de l’obligation de la qualification Muséum pour candidater sur les postes de l’établissement avait été une manœuvre. Cela a été confirmé par le fait que le nombre de candidats aux concours n’a pas sensiblement augmenté (cf. observations de la Cour des Comptes) et que la direction du Muséum n’a jamais transmis au CNU les critères permettant d’apprécier les dossiers de ceux qui persistent – les braves gens ! – à demander leur qualification Muséum.

Défendre le statut spécifique des enseignants-chercheurs du Muséum, c’est défendre le Muséum !