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Déménagement des collections du Muséum
Alertée par nos soins, la ministre de l’ESR découvre le projet
jeudi 2 février 2023
Le Syndicat autonome des personnels du Muséum et le SNIRS CFE-CGC Muséum ne sont pas restés inactifs ces derniers mois concernant le dossier du déménagement des collections en province décidé par le président du Muséum.
Le processus engagé depuis 2019 a franchi cet été une étape majeure puisque le président en est maintenant à choisir la ville finaliste du « concours » d’accueil des collections. Si l’on en croit la presse locale, la ville de Dijon serait en pole position, même si Villeneuve-d’Ascq refusant la couronne de première dauphine tente un retour dans la partie.
L’étrange refus d’étudier la piste parisienne
Le président justifie son projet par un risque d’incendie des collections en alcool les rendant incompatibles avec la conservation en plein cœur de la ville. Les documents mettant en demeure le Muséum de déménager ses collections en raison de leur dangerosité n’ayant pas été produits, nous noterons juste que le site retenu à Dijon se trouverait à proximité de la gare, sans que cela semble poser de problème.
Le président met en avant le manque de place dans la zoothèque, doublé d’une impossibilité de construire un nouvel espace dans Paris. La zoothèque déborde, c’est un constat, mais aucun scénario alternatif n’a été envisagé pour conserver au Jardin les collections. Le Muséum a toutefois dépensé des centaines de milliers d’euros dans des études menées par l’Epaurif (Établissement Public d’Aménagement Universitaire de la Région Île-de-France) qui ont conclu à la possibilité de valoriser l’îlot Poliveau selon un double objectif de conservation des collections scientifiques et d’amélioration des conditions d’exercice des activités de recherche. Rappelons que tout cela figurait dans le Schéma pluriannuel de stratégie immobilière 2018-2022 du Muséum et a été écarté par le président.
5 raisons de continuer à contester l’actuel projet
Continuant à contester ce projet de déménagement, sur le fond et sur la forme, nous avons saisi, entre autres, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en dénonçant les points suivants :
1/ Le déménagement engage le Muséum dans l’essence et l’accomplissement des missions que la nation lui a confiées. Il met en péril l’établissement en coupant le lien consubstantiel qui unit la recherche avec les collections.
2/ Cette décision n’a fait l’objet, dans son principe, d’aucune concertation ou vote au sein de l’une quelconque des instances du Muséum. Bien plus, sa légitimité a été contestée par le conseil scientifique du Muséum les 1-2 février 2022. Les 31 membres de ce conseil – 16 d’entre eux, dont le président du CS, n’appartenant pas à l’établissement – ont voté une motion exprimant leur inquiétude à l’égard de ce projet.
3/ Cette décision porte atteinte au statut des enseignants-chercheurs du Muséum, seuls conservateurs scientifiques réglementairement légitimes de ces objets, en cédant à une collectivité territoriale la garde et la gestion quotidienne (conservation-restauration, accueil des visiteurs...) de ces collections nationales.
4/ L’accélération du calendrier intervient dans la dernière année du second mandat du président du Muséum, au moment même où le ministère va lancer la longue procédure de candidature et de sélection de son successeur.
5/ La crise actuelle que traverse le pays et les difficultés de financement des collectivités locales ne peuvent que nous rappeler des souvenirs cuisants : les problèmes connus avec le PZP du fait de montages financiers hasardeux.
Au cabinet de la ministre, nous avons pu constater que nos arguments ont bénéficié d’une oreille attentive. Ce qui n’était présenté que comme une question interne d’infrastructure a été révélé sous son véritable jour.
La présidence du Muséum a été invitée à argumenter un certain nombre de ses choix, dont l’absence de scénario alternatif sur Paris, validant ainsi le bien-fondé de nos demandes répétées mais dédaignées. Nous espérons que la présidence ne tardera pas à communiquer au personnel la teneur de sa réponse.
Le Syndicat autonome des personnels du Muséum et le SNIRS CFE-CGC Muséum
– considèrent toujours que l’avenir du Muséum ne peut se construire sur un déménagement imposé à ses personnels et à ses collections.
– soutiendront tout projet du Muséum permettant le regroupement de collections, d’activités scientifiques et d’équipes de recherche sur l’îlot Poliveau. Les études de faisabilité sont disponibles.